dimanche 13 avril 2014

Paris-Roubaix : sur les pavés, la légende : article de l'Avenir.


Les coureurs doivent surmonter les chutes et les crevaisons, grains répétitifs d’un diabolique chapelet.
Les coureurs doivent surmonter les chutes et les crevaisons, grains répétitifs d’un diabolique chapelet.
Sur les pavés, la légende attend dimanche le Suisse Fabian Cancellara et les autres prétendants, dont quelques Belges, de Paris-Roubaix, dont la 112e édition témoigne de la vitalité d’une course unique, fascinante, à la dramaturgie sans égale.
La magie opère chaque année, quelle que soit la météo. Par temps sec, les rescapés affrontent l’infernale poussière qui croûte leurs visages à l’arrivée sur le vélodrome de Roubaix, au terme des 257 kilomètres. Sous la pluie, c’est la boue qu’ils doivent vaincre. Dans tous les cas, ils doivent surmonter les chutes et les crevaisons, grains répétitifs d’un diabolique chapelet.
Une centaine de kilomètres après le départ de Compiègne, la course entre dans sa réelle dimension à partir de Troisvilles, porte de ce qui fut jadis appelé l’Enfer du Nord. L’aventure commence sur le premier des vingt-huit secteurs pavés, d’une longueur totale de 51,1 kilomètres. Un menu effrayant pour les néophytes, difficile pour les plus aguerris, stressant pour tous.
Les pièges sont multiples. Ils culminent dans la tranchée d’Arenberg (km 161,5), une effroyable trouée de 2.400 mètres à travers la paisible forêt de Wallers. Puis, à Mons-en-Pévèle (km 208), à l’approche de la dernière heure de course. Enfin, au carrefour de l’Arbre (km 240), peut-être le plus redoutable tant ses pavés sont disjoints.
Le goudron, voilà l’ennemi!
Les trois secteurs sont classés cinq étoiles par Jean-François Pescheux (40 Paris-Roubaix au compteur!), qui officiera dimanche pour la dernière fois en tant que directeur de course. Pendant des années, il s’est consacré au sauvetage du mythe, menacé de toutes parts et surtout par les goudronneuses. Aujourd’hui, il est rassuré. Les pavés relèvent de l’héritage, ils sont désormais entretenus.
«Les rénover, c’est redonner sens à notre patrimoine», affirme le président du Conseil régional (partenaire de la course), Daniel Percheron. «Cette course, c’est un peu l’expression d’une région où les gens ont souvent dû se battre. Sauf que le jour de Paris-Roubaix, ce sont les coureurs qui prennent le relais», renchérit Christian Prudhomme, l’organisateur également directeur du Tour de France.
Se battre? le mot est justifié par la somme d’efforts qui attend les coureurs des 25 équipes (18 de première division, 7 invitées) réunis devant le château de Compiègne, ville-départ depuis 1977.
«Dans Paris-Roubaix, il faut savoir apprécier la forme des pavés, l’état des bas-côtés, l’influence du vent et aussi compter avec la chance», a l’habitude de résumer le plus grand champion de l’histoire, Eddy Merckx.
L’hommage à la «reine»
«Quand on est en grande condition, on crève rarement, parce qu’on est plus lucide et qu’on choisit mieux ses trajectoires», ajoute son grand rival de l’époque, Roger De Vlaeminck, qui a été rejoint en 2012 par Tom Boonen, désormais codétenteur du record de quatre victoires.
Un troisième homme, Fabian Cancellara, postule pour les imiter.
Dimanche, «Spartacus» sera une nouvelle fois le favori d’une classique qu’il a remportée à trois reprises (2006, 2010 et 2013), encore plus après son récent succès du Tour des Flandres. Mais son équipe, décimée par les chutes, part affaiblie par rapport à sa grande rivale Omega Pharma (Stybar, Terpstra, Vandenbergh, Boonen).
L’étoile montante côté belge Sep Vanmarcke (2e en 2013) et Greg Van Avermaet sont également remarqués. Avec aussi un vainqueur du Tour de France, le Britannique Bradley Wiggins (2012). En connaisseur de son sport, le Londonien anobli par la reine Elizabeth vient rendre hommage à l’autre «reine», celle des classiques.

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