Nicolas Noblet, vous avez un métier peu ordinaire ?
Je suis cadreur de vélo, haut de gamme et sur mesure. Un tel vélo, c’est un projet qui se réfléchit, qu’on discute. Savoir le type de vélo qu’on veut. On prend les mesures, je fais une première ébauche, on se revoit. Souvent ce sont des gens qui sont prêts à « se faire faire » le vélo de leur vie.
Et ça coûte ?
Je ne vends que les cadres et fourches, à partir de 1200, jusqu’à 3500€. Mais là, on est dans des aciers inox.
Pourquoi venir chez vous et pas acheter le super « Trek » ou Eddy Merckx » ?
La première raison, c’est d’avoir un objet complètement personnalisé. Dans la création de vélos tout est possible. Un passage de câble particulier, un support de frein ou un manchon. Le vélo est entièrement sur mesure. Le fait aussi que les aciers modernes vieillissent très bien, un vélo en acier aura toujours les mêmes caractéristiques dans 30 ans. Aussi plus confortable et rigide, par contre les vélos en carbone, même si ce sont de très bons vélos, ne sont pas faits pour durer. On est dans une société comme cela, comme pour les voitures, les machines à laver.

Avec l'acier, vous allez à contre-courant ?
On est en retard, en Angleterre, cela fait cinq ans que les gens reviennent à l'acier. Qui a évolué.

Vous pensez que vous allez en vivre ?
Oui, je me donne tous les moyens, j'y crois.  Dans d'autres pays, les gens en vivent.  Ce n'est pas un métier qu'on choisit pour devenir riche.  Je ne croule pas sous les commandes, cela arrive doucement, il y a une partie communication qui doit se mettre en place.  Je vais m'entourer de personnes qualifiées.  Je travaille avec un cinéaste professionnel, Gilles Labarbe. 
Vous allez vous associer avec un gros magasin de vélos dans la région ?
Malheureusement, ils sont très axés « carbone », performances pures. On ne veut pas chercher ce que souhaite vraiment le cycliste. Dans ces magasins, je crois que mes produits ne vont intéresser que trois ou quatre personnes sur l’année ; le marché est trop restreint si on se limite à la région. Sur Bruxelles, il y a une grosse demande, de vélos de pistes adaptés à la ville. Je ne gagnerai pas ma vie rien qu’en vendant des vélos à Arlon.
Un public bobo ?
Pas forcément, un pourcentage de bobo car c'est un vélo chic de ville, mais surtout des gros rouleurs, des passionnés, des vélos confortables, des vélos pour rouler.