Le Délégué Technique de l’événement, Thierry Diederen, arrête brièvement sa voiture au sommet de l’ascension principale pour observer comment les athlètes gravissent cette longue et difficile montée.
« Vous ne pourriez pas choisir un parcours plus difficile pour la prochaine fois ? », lui lance un spécialiste du vélo à mains au moment où il arrive au sommet de la côte. Diederen rigole, avant de murmurer « Attends de voir Nottwil (N.D.A. : en Suisse, là où se dérouleront les Championnats du Monde UCI à la fin du mois de juillet). »
Diederen officie sur les événements paracyclistes UCI depuis l’intégration de la discipline au sein de la Fédération en 2007 et connaît bien les athlètes. Il est intransigeant et imperméable aux protestations lorsqu’il s’agit de faire respecter les règlements, mais il est le premier à applaudir les performances de ces cyclistes.
« Le paracyclisme a énormément évolué, dit-il. Il y a dix ans, nous n’aurions jamais songé à introduire des secteurs pavés dans les courses. Mais il y a cinq ans, nous l’avons fait pour la première fois, à Ségovie (Espagne). De même, nous n’aurions jamais envisagé une montée comme celle d’Yverdon.
« Lorsque j’ai débuté dans le paracyclisme, je travaillais sur des courses pour les personnes handicapées. Maintenant, je travaille pour des sportives et des sportifs d’élite, un point c’est tout. »
Il relève les vitesses moyennes réalisées par les vainqueurs sur les 28,3 km du contre-la-montre d’Yverdon : 48,93 km/h dans la classe des Hommes C5, 52,32 km/h pour les tandems masculins et 45,19 km/h pour le tandem féminin le plus rapide.
« On parle clairement d’athlètes d’élite. Ceux qui ont des doutes devraient monter sur un vélo et essayer de rouler aussi vite. Nous sommes très exigeants avec eux, et ils n’ont droit à aucun traitement de faveur. Mais ils apprécient ça. »
Diederen, qui a pratiqué le cyclisme en compétition, était Commissaire International pour la route, la piste et le cyclo-cross lorsque l’UCI lui a proposé de se former pour devenir Commissaire sur les épreuves paracyclistes. Il n’est jamais revenu en arrière
« Tous les Commissaires travaillant sur les événements paracyclistes UCI sont des Commissaires Internationaux de haut niveau. C’est gratifiant pour les athlètes. »
Comme Délégué Technique, Diederen doit s’assurer que l’événement respecte le cahier des charges imposé par l’UCI dans les domaines de la logistique, de l’organisation, des parcours, de la sécurité, de la signalisation et du contrôle du trafic. Un événement paracycliste implique évidemment des considérations supplémentaires et une collaboration étroite avec le Comité d’Organisation.
Les logistiques
« On a à faire à des personnes qui roulent sur des tricycles, des vélos adaptés ou des vélos à mains, aussi bien qu’à des athlètes aveugles ou amputés, précise Diederen. Il ne s’agit pas juste de s’assurer que le parcours de la course est adéquat. On a aussi un œil sur tout ce qui tourne autour de la course. Les hôtels, le centre d’accréditation et l’espace où se déroule la remise des médailles… tout doit être accessible à des personnes dont le niveau et les moyens de mobilité peuvent être très différents. »Quelque 40 pays étaient représentés dans le cadre de la Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI cette année. Un chiffre à comparer à la douzaine d’il y a huit ans. Diederen est aux premières loges pour assister à la croissance de la discipline et a vécu bien des épisodes émouvants.
« Ca ne s’arrête jamais. Chaque événement connaît de tels moments. Pendant les cérémonies protocolaires notamment. Mais ce qui me touche le plus, c’est que ces athlètes parviennent au statut de vedette. Regardez Londres 2012 : tous les tickets ont été vendus avant que l’événement ne commence. »
Il ne fait aucun doute que Diederen est un fan de paracyclisme. Mais il est avant tout un Commissaire International et un Délégué Technique.
« Je ne parle même plus de handicaps. Ce sont des athlètes avec des spécificités. Et lorsqu’il s’agit de règlements, ils ne reçoivent aucun traitement de faveur. »
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