Mercredi, lors de la cérémonie du Vélo de Cristal au Casino d'Ostende, alors que l'ambiance était plutôt à la fête, nous avons croisé un homme dépité, le visage fermé mais prêt à regarder tout le monde droit dans les yeux: le Carolo Jean-Pierre Dubois, sélectionneur des Espoirs belges (U23) depuis 12 ans et qui a appris il y a quelques jours son licenciement! C'est le sélectionneur des Elites, Kevin De Weert, qui reprend les fonctions de Dubois avec effet immédiat. Un peu comme si l'Union belge de football limogeait le coach des Espoirs Johan Walem et confiait le poste à Roberto Martinez. " Philippe Gilbert, incrédule, m’a appelé dès qu’il a appris la nouvelle. Ça fait super plaisir bien entendu, surtout que je n’ai jamais eu Phil comme coureur puisqu’il était déjà pro quand je suis devenu coach fédéral ", nous a confié Jean-Pierre Dubois comme pour nous prouver combien il était apprécié par les coureurs.
Bizarre, vous avez dit bizarre... Que se passe-t-il au sein de la RLVB, la Royale Ligue Vélocipédique Belge ? Samuël Grulois a évoqué cette situation surprenante, pour ne pas dire dérangeante, avec le principal intéressé Jean-Pierre Dubois, qui espère rapidement se recaser dans une équipe professionnelle (même si les staffs sont quasi tous complets pour 2018).
Jean-Pierre, la décision a été annoncée par la RLVB fin novembre. Votre préavis (que vous ne presterez pas) a débuté le 1er décembre. C’est un véritable coup de massue après douze années de " bons et loyaux services " comme on dit dans ces cas-là.
" Ce n’est vraiment pas gai d’apprendre son licenciement. J’étais convoqué au bureau. Je m’attendais tout simplement à un petit " remontage de bretelles ". Mais tout le monde avait bien compris, après les championnats du Monde en Norvège, que mon directeur technique, Jos Smets, n’était pas content de ces Mondiaux (NDLR : le premier Belge à l’arrivée, Bjorg Lambrecht, termine quinzième). Il a étalé son mécontentement dans les journaux et ce n’était peut-être pas la meilleure façon de faire ! "
Comment doit-on analyser la situation ? Kevin De Weert, coach des Elites, devient donc aussi coach des jeunes, ce qui lui donne une charge de travail supplémentaire. Était-ce une demande de sa part ? Vous a-t-il poignardé dans le dos ? Qui a vraiment pris cette décision à la fédération ? Franchement, on a du mal à comprendre…
" Je sais que Kevin a des ambitions au niveau professionnel… "
Mais qu’a-t-il à gagner en devenant coach des jeunes ? Ce n’est pas là qu’il trouvera de la visibilité…
" C’est certain qu’il n’y a pas de visibilité. Mais, on a maintenant une grosse génération qui arrive (NDLR : Lambrecht, Philipsen, Hermans, Grignard…). Et il va y avoir de l’intérêt médiatique. Mais sachez que ce n’est pas un coach qui fait un champion du Monde ! Et ce ne sera donc pas Kevin qui fera un champion du Monde ! Greg Van Avermaet est devenu champion olympique mais ce n’est certainement pas grâce à Kevin… "
Malgré la retraite de Boonen, le cyclisme belge reste au top avec Gilbert et Van Avermaet. La génération juste derrière est talentueuse avec Teuns, Wellens et compagnie. On a cette impression que tout va bien. Et là, il y a votre licenciement, un petit grain de sable dans la mécanique. Ça fait un peu tâche.
" C’est vrai que c’est dommage surtout au moment où on sort d’un Tour de l’Avenir exceptionnel avec la deuxième place au classement général de Bjorg Lambrecht et la cinquième de Steff Cras. Tout ce qui nous manque en Belgique, c’est un coureur de grand Tour. Là, on a du potentiel qui arrive et on vient me couper l’herbe sous le pied. Voilà, j’aurais préféré continuer à encore collaborer avec quelqu’un comme Kevin De Weert qui a énormément de qualités et qui a quitté le peloton pro il y a très peu de temps, plutôt que de me retrouver purement et simplement limogé. "
On est obligé de poser la question : est-ce qu’il y a dans ce dossier une anguille sous roche communautaire (en précisant que Jean-Pierre Dubois est parfait bilingue français-néerlandais) ?
" Non, absolument pas "
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