vendredi 5 janvier 2018

"Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66" : lu sur le site de l'Avenir


Michel Voros, à mi-parcours de la route 66 marquée par une ligne.Solar Bike 66Le Limalois a réalisé les 3 950 km de la route 66, aux États-Unis, avec un vélo électrique alimenté par l’énergie solaire. Un engin qu’il a fabriqué lui-même.

Il l’a fait! Le Limalois Michel Voros est devenu le premier solar biker à avoir parcouru la mythique route 66, aux États-Unis. Parti le 5 octobre de Chicago, il a terminé son périple de 3 950 km le 24 novembre à Los Angeles, en réalisant chaque jour des étapes de plus ou moins 100 km.
Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
Michel VorosSolar Bike 66

«Ce fut parfois dur, mais j’ai pris mon pied, témoigne-t-il. Ce fut surtout une aventure humaine incroyable. J’ai rencontré des gens enthousiastes tout au long du parcours et qui étaient intéressés par mon projet. J’ai été très bien accueilli, même en Oklahoma et au Texas où j’avais un peu peur, certains y vivant du pétrole. Mais, dans ces États, on voit pas mal d’éoliennes et des panneaux solaires. Et quand on parle aux gens, même s’ils travaillent dans le pétrole, ils sont sensibles aussi aux énergies vertes.»
Michel Voros a donc réalisé son rêve de traverser le continent américain en empruntant la route des Raisins de la colère, œuvre phare de John Steinbeck, de Kerouac ou encore des bandits de grands chemins tels Bonnie et Clyde…
«Depuis ma plus tendre enfance, je voulais faire la route 66. Mon grand frère a perdu une jambe dans un accident de moto en 1974. Je ne me voyais donc pas la parcourir à moto. C’est pourquoi je me suis tourné vers le vélo… électrique, car il faut tout de même avaler les 3 950 km. Mais il n’existe pas de vélo ayant une autonomie suffisante. J’ai donc créé une remorque munie de panneaux solaires.»

Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
La route 66 part de Chicago pour se terminer à Los Angeles. Elle traverse huit États: l’Illinois, le Missouri, le Kansas, l’Oklahoma, le Texas, le Nouveau Mexique, l’Arizona et la Californie.-

Six ans de recherche
Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
Sur la route.Solar Bike 66

Ingénieur en télécommunications, Michel Voros, 53 ans, s’est attelé à construire un engin sur mesure pour accomplir son périple.
Son vélo, monté dans un garage d’amis en Floride, représente 6 ans de recherche. «J’y allais deux à trois fois par an. Je trouvais des solutions, puis il fallait résoudre de nouveaux problèmes, sourit-il. J’ai prouvé qu’avec des outils simples, une bonne idée et une bonne obstination, on peut faire des miracles. Mon épouse m’a aussi bien aidé.»
Et de poursuivre: «J’ai poussé la technologie dans ses derniers retranchements. J’ai été le premier à rouler sans batteries, avec l’énergie solaire qui alimentait directement le moteur de mon vélo. Ce fut sur une portion plate dans le désert d’Arizona, par beau temps. Ce ne fut que 50 km, mais je l’ai fait.»
La puissance d’une foreuse
Pour le reste, ses panneaux solaires rechargeaient une série de batteries alimentant un moteur de 500 watts. «J’ai traversé les États-Unis avec la puissance d’une petite foreuse», explicite-t-il.
À l’université de Saint-Louis, qui fêtait les 200 ans de sa création par un jésuite belge, le Limalois a été félicité par le recteur et des ingénieurs. «Je me sentais gêné», résume Michel Voros.
VITE DIT
Trois prototypes Michel Voros a roulé avec son prototype numéro 3. Le premier a été construit avec son neveu qui lui a fait la surprise de rouler les 600 derniers kilomètres avec lui, mais sur un vélo classique. Le second était entièrement en aluminium. «Il était racé mais trop lourd. Un ami m’a dit de penser aux fibres de carbone qui ne sont pas aussi chères que ce que l’on pense. Ici, le vélo fait 25 kilos et la remorque en fibres de carbones et alu, 35 kilos pour 3 m2 de panneaux solaires», précise-t-il.
Deux crevaisons Michel Voros s’attendait à crever davantage, d’autant plus que pendant ses tests en Floride, en quatre sorties, il avait crevé deux fois. «En Floride, les pick-up sont mal chargés et perdent leur chargement dont des clous. J’avais donc pris douze chambres à air de secours. J’en ai maintenant pour le restant de mes jours, s’amuse-t-il. Outre les deux crevaisons, après 2 000 km, j’ai dû changer les pneus car du côté du Texas et de l’Arizona, l’asphalte est très abrasif.»
Quatre shorts cyclistes«Je ne l’ai pas fait exprès, mais j’ai acheté quatre shorts cyclistes avec des formes d’assise différentes. J’alternais chaque jour, si bien que je n’ai eu aucun problème d’arrière-train!», se félicite le cycliste.
Caritatif Outre la prouesse technique du périple, Michel Voros a roulé pour soutenir la Willie Dixon Foundation qui entend faire perdurer le blues en aidant des jeunes musiciens à acheter leur instrument ou en finançant des cours de musique. Le financement participatif court jusqu’au 14 janvier: https ://onvataider.com/projets/solar-bike-route-66.
«Il voulait voir si on était bien arrivé»
Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
Une bouche, des yeux, il n’en faut pas plus pour transformer un véhicule en engin du dessin animé Cars.Solar Bike 66

La route 66, la première transcontinentale américaine, a été mise en route en 1926. Elle a été utilisée jusqu’en 1985 avant de tomber en désuétude. Mais depuis 1999, elle tente de revivre: des portions sont refaites, des motels et des dinners sont retapés. «Contrairement à ce que certains pensent, la route 66 existe toujours», lance Michel Voros.

Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
«J’attends à un coin de rue à Winslow, Arizona.» La ville a profité de la chanson des Eagles, Take it Easy, pour faire s’arrêter les touristes.Solar Bike 66

Le cycliste avait une équipe qui l’accompagnait en van et qui comptait notamment son épouse et une équipe de tournage. Un documentaire est en cours de réalisation sur le périple du Limalois. Il devrait être prêt dans six mois tandis que des négociations sont en cours pour en assurer la diffusion.
Parmi ses souvenirs, le cycliste raconte sa rencontre avec Norman, un monsieur de 85 ans qui tient un vieux motel à San Jon, au milieu de nulle part, dans le Nouveau Mexique, le jour d’Halloween. «Pour l’étape suivante, qui ne faisait que 40 km, il m’a conseillé un dinner où m’arrêter, un vrai comme il en existait dans les années 50. Peu après notre arrivée, on a vu Norman nous rejoindre. Il avait eu peur que je me retourne vu le vent qui soufflait fort ce jour-là. Il n’a pas voulu déjeuner avec nous, il voulait juste s’assurer qu’il ne nous était rien arrivé. C’est un type fantastique».

Michel Voros, premier cycliste solaire de la route 66
Michel Voros a traversé des paysages qui resteront gravés dans sa mémoire.Solar Bike 66

Michel Voros se souvient aussi de sa rencontre avec des marmottes du côté d’Amarillo, au Texas. «Vu que je ne faisais pas de bruit, elles n’avaient pas fui et étaient en train de vivre leur vie de marmottes. Mais dès qu’elles m’ont vu, elles se sont toutes planquées».
L’homme restera aussi marqué par le magnifique Painted Desert en Arizona ou les paysages «Western» du Nouveau Mexique.
Enfin, à certains endroits, la route 66 est remplacée par l’autoroute 44. «Avant de partir, on s’est renseigné pour savoir si on pouvait rouler dessus avec un vélo. On peut, s’il n’y a pas de routes alternatives. Mais on doit avancer sur la bande d’arrêt d’urgence!»    -   

Quentin COLETTE - L'Avenir

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