dimanche 12 octobre 2014

Marie-Rose Gaillard, La championne du monde signaleuse… article de Jean-Pierre Lekeu

Championne du monde sur route en 1962 à Salo, Marie-Rose Gaillard n’a rien perdu de sa passion pour le vélo. Alerte septuagénaire, elle continue à assumer la fonction de signaleuse dans les épreuves de la province.

Anciennement domiciliée à Thimister, la Liégeoise doit son arrivée (1960) dans le milieu cycliste à son frère aîné : « Un jour, je lui ai piqué son vélo… Jean Henrard, marchand de cycles dans la localité, m’a vue rouler et a contacté mes parents pour que je m’affilie au Royal Dolhain Vélo, le club de l’ancien pro Michel Wright. »
Comptant une cinquantaine de victoires (Ndlr ; la 1ère à Visé en 1961) dans sa carrière, la Thimistérienne qui habite aujourd’hui avec son compagnon Lulu sur les hauteurs de Sprimont, ne tardait pas faire son entrée dans la sélection nationale : « Un an après mes débuts, j’ai disputé mon premier mondial à 17 ans (14e) à Douglas, la ville de Cavendish. »

Le titre mondial à 18 ans !
Douze mois plus tard, elle connaissait à Salo (Lombardie)) sa plus belle victoire : le titre mondial féminin conquis devant deux autres Belges, Yvonne Reynders et Marie-Thérèse Naessens : « J’étais la cadette du peloton dans une course caniculaire (40°) disputée sur un circuit exigeant avec une côte de 600m à 14%. Je me souviens avoir jeté mon casque à boudins tant la chaleur était étouffante. Dans les deux derniers tours, j’ai exploité mes qualités de descendeuse (Ndlr ; elle dévalait les pentes une main sur le guidon et l’autre fixée au dos pour prendre un maximum de vitesse) pour passer à l’offensive et creuser un écart de près de 3’ sur les deux autres Belges.  A mon retour à Thimister,  le village était rassemblé devant le domicile familial et chantait la célèbre ritournelle « Rose-Marie… »
On ne peut pas dire que le maillot arc-en-ciel ait été d’un gros rapport financier pour sa détentrice : « Je n’ai pas gagné un franc (belge à l’époque). Tout au plus un maillot, une médaille et un diplôme. Après la course, on devait même rendre le maillot tricolore ! »
Seule championne du monde féminine wallonne à ce jour, Marie-Rose Gaillard est devenue une habituée des joutes mondiales malgré le peu de sympathie (à l’exception de Rosa Sels) de ses rivales flamandes : « Les Flahutes me détestaient. Elles m’appelaient la « Roussette » alors que je n’ai jamais été rousse! ». Fait rare, la Liégeoise a disputé 6 championnats mondiaux consécutifs : 14e à l’Ile de Man (1961), 1ère en Italie (1962), 10e en Belgique (1963), 4e en France (1964), 19e en Espagne (1965) et 8e en 1966 (Allemagne), année où elle s’alignait enceinte en omettant volontairement de prévenir les responsables fédéraux et où elle remportait le titre de championne de Belgique à Barvaux. Vingt-quatre mois plus tard , elle mettait un terme à sa carrière sportive.

Présidente de club et signaleuse
Elle assumait alors la présidence du  Vélo Club Ourthe Amblève, le club de sa région : « Club organisateur, nous avons accueilli durant deux ans Philippe Gilber. A l’époque, il roulait chez les juniors  avant de  rejoindre Go-Pass et Dirk De Wolf. Nous le conduisions souvent aux courses car ses parents n’étaient pas toujours disponibles. »
A 70 ans, Marie-Rose Gaillard reste active dans le milieu cycliste. Elle a simplement troqué vélo et maillot pour la veste de signaleur et la célèbre plaque C3 : « Nous formons une équipe de quatre signaleurs qui officient dans les courses provinciales. A la demande des organisateurs, nous nous déplaçons avec notre propre véhicule aux endroits demandés. Cette activité est devenue une passion. On voyage, on voit les coureurs et on termine la soirée au restaurant. Mon regret est de voir tant de râleurs sur les routes qui obtempèrent non sans difficulté à nos injonctions. Nos courses préférées restent Romsée-Stavelot-Romsée et la Flèche Ardennaise. Nous ne demandons pas de défraiement mais nous sommes tout heureux quand un organisateur nous donne 25€ pour… l’essence. »

         

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