Championne du monde
sur route en 1962 à Salo, Marie-Rose Gaillard n’a rien perdu de sa passion pour
le vélo. Alerte septuagénaire, elle continue à assumer la fonction de
signaleuse dans les épreuves de la province.
Anciennement domiciliée à Thimister, la Liégeoise doit son
arrivée (1960) dans le milieu cycliste à son frère aîné : « Un jour, je lui ai piqué son vélo…
Jean Henrard, marchand de cycles dans la localité, m’a vue rouler et a contacté
mes parents pour que je m’affilie au Royal Dolhain Vélo, le club de l’ancien
pro Michel Wright. »
Comptant une cinquantaine de victoires (Ndlr ; la 1ère
à Visé en 1961) dans sa carrière, la Thimistérienne qui habite aujourd’hui avec
son compagnon Lulu sur les hauteurs de Sprimont, ne tardait pas faire son
entrée dans la sélection nationale : « Un
an après mes débuts, j’ai disputé mon premier mondial à 17 ans (14e)
à Douglas, la ville de Cavendish. »
Le titre mondial à 18
ans !
Douze mois plus tard, elle connaissait à Salo (Lombardie))
sa plus belle victoire : le titre mondial féminin conquis devant deux
autres Belges, Yvonne Reynders et Marie-Thérèse Naessens : « J’étais la cadette du peloton dans
une course caniculaire (40°) disputée sur un circuit exigeant avec une côte de
600m à 14%. Je me souviens avoir jeté mon casque à boudins tant la chaleur
était étouffante. Dans les deux derniers tours, j’ai exploité mes qualités de
descendeuse (Ndlr ; elle dévalait les pentes une main sur le guidon et
l’autre fixée au dos pour prendre un maximum de vitesse) pour passer à
l’offensive et creuser un écart de près de 3’ sur les deux autres Belges. A mon retour à Thimister, le village était rassemblé devant le domicile
familial et chantait la célèbre ritournelle « Rose-Marie… »
On ne peut pas dire que le maillot arc-en-ciel ait été d’un
gros rapport financier pour sa détentrice : « Je n’ai pas gagné un franc (belge à l’époque). Tout au plus un
maillot, une médaille et un diplôme. Après la course, on devait même rendre le
maillot tricolore ! »
Seule championne du monde féminine wallonne à ce jour,
Marie-Rose Gaillard est devenue une habituée des joutes mondiales malgré le peu
de sympathie (à l’exception de Rosa Sels) de ses rivales flamandes : « Les Flahutes me détestaient. Elles
m’appelaient la « Roussette » alors que je n’ai jamais été rousse! ».
Fait rare, la Liégeoise a disputé 6 championnats mondiaux consécutifs :
14e à l’Ile de Man (1961), 1ère en Italie (1962), 10e
en Belgique (1963), 4e en France (1964), 19e en Espagne
(1965) et 8e en 1966 (Allemagne), année où elle s’alignait enceinte
en omettant volontairement de prévenir les responsables fédéraux et où
elle remportait le titre de championne de Belgique à Barvaux. Vingt-quatre mois
plus tard , elle mettait un terme à sa carrière sportive.
Présidente de club et
signaleuse
Elle assumait alors la présidence du Vélo Club Ourthe Amblève, le club de sa
région : « Club organisateur, nous
avons accueilli durant deux ans Philippe Gilber. A l’époque, il roulait chez
les juniors avant de rejoindre Go-Pass et Dirk De Wolf. Nous
le conduisions souvent aux courses car ses parents n’étaient pas toujours
disponibles. »
A 70 ans, Marie-Rose Gaillard reste active dans le milieu
cycliste. Elle a simplement troqué vélo et maillot pour la veste de signaleur
et la célèbre plaque C3 : « Nous
formons une équipe de quatre signaleurs qui officient dans les courses
provinciales. A la demande des organisateurs, nous nous déplaçons avec notre
propre véhicule aux endroits demandés. Cette activité est devenue une passion.
On voyage, on voit les coureurs et on termine la soirée au restaurant. Mon
regret est de voir tant de râleurs sur les routes qui obtempèrent non sans
difficulté à nos injonctions. Nos courses préférées restent Romsée-Stavelot-Romsée
et la Flèche Ardennaise.
Nous ne demandons pas de défraiement mais nous sommes tout
heureux quand un organisateur nous donne 25€ pour… l’essence. »
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