Oui. Les cyclistes sont particulièrement exposés parce que leur fédération a choisi de lutter contre le dopage. Elle travaille aussi en transparence, à la différence d’autres fédérations comme le tennis, où des sanctions - ne pas jouer des tournois - sont prises sans publicité. Le cyclisme apparaît donc moins hypocrite.
La cause est historique. Le dopage n’était pas pris au sérieux mais est devenu spectaculaire dans les années 60 avec les morts tragiques de coureurs en plein effort, comme un Danois lors des Jeux olympiques de Rome ou de Tom Simpson en 1967. On s’aperçoit que l’enjeu est mortel et la lutte contre le dopage commence en 1966. Le vélo est le premier sport à lancer des contrôles. Depuis cette prise de conscience, le cyclisme est resté à la pointe de l’actualité en matière de dopage.
La sévérité est-elle moindre dans d’autres sports ?
La tolérance est plus grande que dans le vélo. Actuellement, un phénomène incroyable se déroule sous nos yeux sans attirer l’attention des médias. C’est l’inflation des records en marathon. On a battu le record du monde l’année dernière mais aussi tous les records de tous les grands marathons, courus à des allures jamais égalées. Quand il existe un emballement dans une discipline avec des performances à la clé dues à un petit nombre d’acteurs - ici des Ethiopiens et surtout des Kenyans -, il faut s’interroger. Ce n’est pas normal et renvoie à d’autres périodes avec les nageuses de l’Allemagne de l’Est ou les haltérophiles bulgares. L’hypocrisie est aussi de mise dans le football. Quand on voit Contador condamné pour avoir pris du clenbutérol en quantité infime, la comparaison avec le football est sans mesure. Aujourd’hui, un joueur brésilien qui a passé 6 ans en Russie nous apprend que le contrôle antidopage n’y existe pas et que la plupart des joueurs sont mis sous stéroïdes anabolisants. Cette information n’a pas été développée par les médias. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?
A qui la faute ? Aux médias ? Aux fédérations ? Aux autorités judiciaires ?
Schématiquement, il y a deux instances avec leur logique en charge de la lutte contre le dopage : les fédérations pour des raisons d’éthique sportive - les compétiteurs doivent partir avec une égalité de chances - et les Etats pour des raisons de santé publique. Séparées avant, elles sont réunies aujourd’hui sous la coupole de l’Agence mondiale antidopage. Reste que certaines fédérations sont plus virulentes. Généralement, les sports régis par des associations professionnelles de joueurs comme le tennis ou le golf ne sont pas très regardants sur la question du dopage. En revanche, des sports dirigés par des fédérations internationales comme le cyclisme sont souvent plus sévères. Au niveau des Etats, ils sont tous susceptibles de lutter contre le dopage mais les différences en matière de décisions de poursuite judiciaire sont flagrantes. On accuse à juste raison l’Espagne de grande tolérance. La question ici est évidemment politique. Il est incroyable qu’un Zapatero, Premier ministre, ait pris la défense de Contador en pleine affaire sans connaître le dossier.
Depuis l’arrivée de l’EPO - au début des années 90 - jusqu’à 2008, c’étaient les années noires du vélo. Les moyennes horaires ont explosé. Tous les vainqueurs du Tour ont été impliqués. Depuis 2 ans, l’évolution est positive. On constate des baisses de moyenne horaire et donc moins de performance. Le vélo semble bien parti. Au contraire d’autres sports. "Qui s’interroge sur l’inflation des records en marathon ?"
Gilles GOETGHEBUER, Rédacteur en chef du magazine “Sport et vie” et de “Zatopek Magazine” www.sport-et-vie.com/
Et demain les questions et réponse de Anne DALOZE, docteur en Médecine, responsable de la Cellule antidopage à la Fédération Wallonie-Bruxelles....
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