mardi 5 novembre 2013

A Bruxelles, le vélo a encore du chemin à faire, selon la Libre Belgique

MATHIEU COLLEYN Publié le - Mis à jour le 

PLANÈTE    Dans la capitale, les cyclistes sont de plus en plus nombreux. Mais le vélo ne concerne que 3,5 % des déplacements intrabruxellois. Les cyclistes ne se sentent pas encore en sécurité, face aux automobilistes.
Les cyclistes sont de plus en plus nombreux à Bruxelles. Phénomène peu visible, leur nombre augmente chaque année de 10 à 15%. Selon les dernières statistiques collectées dans la capitale, il seraient de 30 à 50000 à se déplacer quotidiennement sur leur engin, selon les saisons. Pourtant, le deux-roues non motorisé ne concerne encore qu’environ 3,5% des déplacements effectués à l’intérieur de Bruxelles (chiffres de 2010).
Par comparaison, la voiture s’arroge 42 % des déplacements, la Stib 24,4% et la marche 37%. Les associations de promotion du vélo estiment que ce chiffre de 3,5% est trois à quatre fois supérieur à celui d’il y a 10 ans, mais force est de constater que, malgré les efforts des autorités publiques et le lobbying très militant du tissu associatif, l’usage du vélo ne décolle pas véritablement. L’objectif affiché par les autorités régionales de parvenir à une proportion de 20% à l’horizon 2018 est d’ailleurs jugé "totalement irréaliste" par Eric Nicolas, secrétaire général du Gracq, ASBL des cyclistes au quotidien. C’est que, sans mauvais jeux de mots, l’usage de la petite reine est confronté à de nombreux freins. Il suffit, pour s’en convaincre, d’enfourcher un vélo pour un simple trajet en ville... On se sent rapidement tout petit et, sur de nombreux axes, mis franchement en danger par l’omniprésence automobile.
Pas de liens entre tronçons cyclables
Depuis 2009, la Région bruxelloise a aménagé quelques 23 kilomètres de pistes cyclables, dont plus de 11 sont clairement séparés de la chaussée. Alors, compte tenu de son faible développement relatif, faut-il encore engager tant de moyens publics pour faire place belle au vélo? "C’est l’œuf ou la poule, commente Eric Nicolas, on n’attirera pas de nouveaux cyclistes si on ne rend pas la ville plus accessible". Et de souligner les budgets "colossaux" consacrés aux infrastructures routières au regard des 11 millions d’euros alloués annuellement aux itinéraires cyclables par la Région de Bruxelles-Capitale. Une manne qui ne comprend pas les infrastructures cyclistes qui sont aménagées dans le cadre plus large des rénovations de voiries. Tout chantier d’envergure prévoit désormais l’aménagement d’itinéraires cyclables.
"Le problème, c’est que ces aménagements ne sont pas reliés entre eux et le cycliste se retrouve souvent rejeté dans la circulation, ce qui génère un sentiment d’insécurité, commente Eric Nicolas. Il pointe aussi les "blocages communaux""Faire de la place pour les cyclistes, c’est sacrifier des emplacements de parking ou une bande de circulation, explique-t-il. Ce qui pose des problèmes au niveau de pouvoir le plus proche des citoyens électeurs"... Les vélos souffrent encore d’autres handicaps. Parmi lesquels la météo, la forte déclivité de la capitale ou encore le vol de vélo, véritable "sport régional", selon Eric Nicolas. Les deux premiers sont aisément appréhendables, une fois le cycliste touché par le virus du vélo et le gain de temps qu’il représente dans une ville engluée, selon les associations. "Bruxelles est une ville en transition, conclut Eric Nicolas. On est loin du compte mais on est plus à un stade débutant, plus personne n’oserait dire que l’usage du vélo ne constitue pas une alternative crédible". Mathieu Colleyn

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