vendredi 15 novembre 2013

Gaudry: « On veut donner au cyclisme féminin la place qu’il mérite » : article lu sur le site de l'UCI


Tracey Gaudry, est-ce que votre vie a changé ces dernières semaines ?
Ma vie était devenue un peu folle il y a un an quand je suis entrée au Comité Directeur, et elle l’est devenue encore plus il ya 6 semaines en devenant Vice-présidente. J’ai le sentiment d’avoir des responsabilités importantes parce que les attentes sont logiquement très fortes pour améliorer le cyclisme, et notamment le cyclisme féminin. Il y a aussi le fait que je vis en Australie, ce qui m’amène à travailler souvent la nuit pour être en phase avec mes collègues ou mes interlocuteurs européens et d’autres continents.

Que représente pour vous cette nomination à la Vice-présidence de l’UCI ?
J’ai toujours cru qu’il fallait mettre des gens aux postes à responsabilité en fonction de leurs compétences même si j’ai toujours poussé, c’est évident, pour plus de diversité que ce soit géographique ou entre les hommes et les femmes. En mettant une femme à la Vice-présidence pour la première fois dans l’histoire de l’UCI le Comité Directeur a fait preuve de maturité. On a une nouvelle génération qui a envoyé un message fort.

A quoi va ressembler cette nouvelle Commission Femmes?
Elle reflètera notre volonté de diversité, on aura 6 ou 7 membres des deux sexes, des représentants européens et non-européens, issus de toutes les disciplines, d’anciens et actuels coureurs, de fédérations nationales, des femmes-entraineurs, des organisateurs, des équipes, et des diffuseurs. La Commission sera en place à la fin de l’année et on présentera notre stratégie pour les 12 mois à venir et au-delà au prochain Comité Directeur en janvier (NDLR: avant les Championnats du Monde Cyclo-cross UCI à Hoogereide [P-B], du 1-2 février 2014).

Pouvez-vous déjà nous dire quelle va être la priorité ?
Le développement du cyclisme féminin passe entre autre par une meilleure visibilité. Mais je tiens à préciser que nous aurons une approche transversale, nous travaillerons avec toutes les commissions parce que l’essor du cyclisme féminin concerne tout le monde, il n’appartient pas qu’à un ministère. Il y aura pour la première fois une femme dans chaque commission, c’est encore un signe fort envoyé par la nouvelle UCI. Nous prendrons les avis que nous aurons faits les autres commissions et nous agirons comme une force de propositions.

L’une des premières mesures prises par Brian Cookson en tant que nouveau Président a été de mettre un terme à la limitation d’âge (28 ans) pour les coureuses dans les équipes. Quelle sera la portée de cette décision ?
J’ai été coureuse et je sais d’expérience qu’on peut arriver à de grandes choses à des âges très différents (NDLR: en 1999 à l’âge de 30 ans, elle se classe 3e au classement Route UCI et 3e du général de la Coupe du Monde et participe à ses seconds JO un an plus tard à Sydney). Marianne Vos, qui est membre de la Commission des Athlètes, a émis l’avis que ce règlement n’avait aucun sens. C’est une proposition très simple qui a fait l’unanimité.

Qu’espérez-vous des nouveaux classements (sprinteuse, jeune, et grimpeuse) qui vont venir compléter le classement général de la Coupe du Monde Femmes UCI à partir de 2014?
C’est une décision qui va permettre de motiver les coureuses comme les organisateurs, les sponsors, les diffuseurs et le public. Il y aura plusieurs compétitions dans la compétition. Le calendrier sera plus excitant pour tout le monde. On aura 8 manches de Coupe du Monde qui garantiront des chances de briller tout au long de la saison pour différents types de coureuses. Je regrette de ne plus courir aujourd’hui ! Nous travaillons sur d’autres mesures pour 2014 qui feront l’objet d’annonces dès la fin de cette année.

Le Centre Mondial du Cyclisme à Aigle prévoit en 2014 une formation consacrée à 100% aux femmes-entraineurs, après une première édition réussie cet été. Faut-il du sur-mesure pour le cyclisme féminin ?
Pour une adolescente qui souhaite faire carrière dans le vélo, un environnement composé essentiellement d’hommes peut paraitre pour certaines d’entre elles, disons, ‘dissuasif’, elle peut être impressionnée et décider finalement de ne pas aller au bout de ses rêves. Ce frein peut être dépassé s’il y a des femmes dans l’entourage, des entraineurs, des médecins, des mécaniciens, etc.
En Australie, nous avons beaucoup de programmes qui favorisent l’émergence de femmes à ces postes au niveau amateur ou semi-pro. D’autres pays ont une démarche similaire (voir Vidéo : Le succès de la Fédération Nationale Suédoise).
L’un des rôles de l’UCI et de relier toutes ces expériences entre elles et de mettre les ressources en commun. Le programme femmes-entraineurs du CMC permet de partager ce savoir-faire. Il permet aussi d’ouvrir aux coureuses des pistes professionnelles au-delà de leur carrière de sportives de haut niveau. Ce type d’initiative, qui contribue à structurer l’environnement du cyclisme féminin, apportera la vision dont notre sport a besoin pour aborder l’avenir avec confiance.

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